Claire & Fak
28.09.2015 – 23.10.2015
« Trop de notes ! » a-t-on sottement reproché aux partitions de Mozart. « Trop de mots ! » pourrait-on tout aussi sottement reprocher à Jean-Luc Lagarce, Bernard-Marie Koltès ou Pascal Rambert – des écrivains parmi les plus novateurs du théâtre français d’aujourd’hui.
J’aime pour ma part ces écritures prolixes, matériaux de surcroît propices aux chantiers de la pratique du jeu.
A leur entrée dans l’école – nous avions travaillé les deux longues adresses du frère et de la sœur au frère muet dans Juste la fin du monde, voici aujourd’hui les étudiant.e.s aux prises avec les scènes de rencontre entre Claire et Fak dans Quai Ouest, deux versants en quelque sorte d’une même montagne, celle d’un trop plein de langue pleinement revendiqué.
Comment aborder cette écriture, l’énergie, l’énigme, la tonicité des échanges qui la constituent ?
Comment, au travers du jeu, en irriguer les méandres pour que ne s’étiole pas dans l’espace le plaisir perçu à la table ? Comment chercher à juguler l’impétuosité de son flot, sans peur de s’y noyer ? Comment faire sienne cette langue à la fois si lointaine et si proche ?
Voilà quelques-unes des questions que nous nous serons posés dans le concret du jeu, quatre semaines durant.
Philippe Sireuil