- 2017« Retour à Reims » d'après Didier Eribon
metteur en scène - 2016« Professeur Bernhardi » de Arthur Schnitzler
metteur en scène - 2015« Bella Figura » de Yamina Reza
metteur en scène - 2015« Richard III » de William Shakespeare
metteur en scène - 2014« The Little Foxes » de Lillian Hellman
metteur en scène
Né en 1968 à Soltau, Thomas Ostermeier est un des metteurs en scène les plus marquants du théâtre allemand depuis la fin des années 1990, ce qu'est venu confirmer sa présence en tant qu'artiste associé au festival d'Avignon 2004.
Avant ses études à l'école d'art dramatique Ernst Busch de 1992 à 1996, il est entré en contact en tant que comédien avec le travail rythmique du corps et de la voix ainsi qu'avec les chorégraphies de groupe du metteur en scène Einar Schleef. Ostermeier s'appuie également sur la biomécanique de Vsewolod Meyerhold, et sa recherche d'une expression corporelle proche de la sculpture pour les états intérieurs et les relations interpersonnelles. Pour lui, l'art théâtral est d'abord un projet collectif.
Sa carrière berlinoise commence en 1996, lorsqu'il se voit confier un espace par le Deutsches Theater, une baraque préfabriquée capable d'accueillir une centaine de spectateurs tout au plus. Dès le départ, la Baracke se conçoit comme un espace de confrontation entre les divers discours artistiques et socioculturels.
Ostermeier s'oriente d'emblée vers la dramaturgie contemporaine, recherchant la collaboration avec des auteurs vivants dont les pièces s'intègrent parfaitement dans le contexte de la virulente question du conflit des générations. Ses thématiques tournent autour de la question des alternatives sociales au capitalisme, auquel il confronte des représentations radicales de la misère sociale et psychique des jeunes. Ainsi, il se concentre d'abord sur des auteurs anglo-saxons tels que Nicky Silver (Fat Men in skirts, 1996), David Harrower (Des couteaux dans les poules, 1997), Mark Ravenhill (Shopping and Fucking, 1998), Enda Walsh (Disco Pigs, 1998) et Richard Dresser (Sous la ceinture, 1998), avant de faire connaître l'œuvre de Sarah Kane (Manque, 2000). Son théâtre « authentique » – fondé sur le savoir-faire et nettement formalisé – fait fureur.
Le succès considérable qu'il rencontre à la Baracke (1996-1999) le propulse en 1999 à la Schaubühne am Lehniner Platz à Berlin. Dès son arrivée, Ostermeier tente d'en faire un laboratoire pour le théâtre contemporain et la danse moderne.
« Ce qui relie le théâtre au monde, c'est l'auteur. » Ainsi le metteur en scène formulait-il en 1999 sa recherche d'un langage et d'un objet théâtral dont les enjeux, les codes correspondraient à sa vision du monde actuel. Celle-ci est influencée par un discours socio-philosophique qui emprunte à des penseurs tels que Bourdieu, Foucault, Sennett, Habermas, etc. Le besoin d’un « nouveau réalisme » doit avoir pour objet la tragédie de l'existence quotidienne. Il doit traiter l'échec de l'individu ou des groupes marginalisés face à la société capitaliste.
Ce n'est qu'à la Schaubühne qu'il découvre également des œuvres du répertoire. Il opte cependant pour des auteurs qui s'inscrivent selon lui dans une ligne du « réalisme engagé », en passant par Büchner (La Mort de Danton, 2002), Ibsen (Maison de poupée, 2002), Wedekind (Lulu, 2004), Fleißer (Der starke Stamm, 2002), jusqu'à Kroetz (Concert à la carte, 2003). En 2003, il revient à Büchner pour mettre en scène Woyzeck , transposé dans l'atmosphère lourde d'agressivité d'une banlieue, qu'il présente au festival d'Avignon 2004. Son théâtre réunit ici le texte vieux de plus d'un siècle et demi et le rap contemporain qu'il fait résonner dans la cour du palais des Papes. C'est également au festival d'Avignon, en 2008 cette fois, qu'il met en scène Hamlet.
Thomas Ostermeier a reçu de nombreux prix pour ses mises en scène, dont Le Grand Prix de la Critique en France en avril 2009 pour John Gabriel Borkman, le Prix de la Critique de Barcelone en septembre 2009 pour Hamlet, la nomination en tant qu’Officier des Arts et des Lettres par le ministère français de la culture, Le Lion d'or de la Biennale de Venise pour l’ensemble de son travail en 2011, le Prix Friedrich-Luft à Berlin pour Mesure pour Mesure, le Prix de la Meilleure Production Internationale en Turquie en 2011 et le Prix d’Honneur du Festival de Théâtre d’Istanbul en 2012 pour Hamlet.