Jeu caméra et remake

12.04.2021 – 23.04.2021

Au cours de cet atelier sur les différents aspects du cinéma, les étudiant.e.s sont amené.e.s à créer le remake d'une scène de film. Dirigé.e.s par Antoine Russbach pour le jeu et par Baptiste Janon pour la supervision technique, il.elle.s sont tour à tour comédien.ne.s, preneurs.euses de son, caméra-men.women et monteurs.euses. Chaque étudiant.e est amené.e à tenir un rôle important et à incarner son personnage dans des contraintes proches de celles d'un tournage professionnel.

Par le biais du tournus, lors du travail d’une scène, les étudiant.e.s qui ne jouent pas prennent en charge la technique et constituent ainsi l'équipe de tournage. Le but est à la fois de les familiariser avec ces différents corps de métiers et de leur donner un regard latéral sur le jeu. A la fin de l’atelier, chacun.e. est initié.e au montage des scènes tournées au préalable. Après le visionnage des différentes prises, les étudiant.e.s choisissent les plans et font ainsi l’expérience de réécrire le jeu par l’art du montage.

Texte d'Antoine Russbach et Baptiste Janon

Lorsque l'on arrive pour la première fois sur un plateau de cinéma, tout semble étrange ; une vingtaine de personnes s'affairent à des tâches extrêmement précises mais incompréhensibles pour le visiteur profane. Des rituels sont exécutés systématiquement : on met les cadres en place, on colle des marques au sol, on vide le plateau, on installe des projecteurs, on revient, on joue, on se tait pour enregistrer deux minutes de silence et on recommence... Un.e jeune comédien.ne qui se retrouve projeté.e au centre de cette machine peut se sentir désarçonné.e, surtout lorsque que l'on crie action et qu'il se retrouve brusquement au centre de l'attention à devoir jouer sa partition. Arriver à plonger dans son personnage, le temps bref d'une prise, ne peut se faire qu'avec une confiance énorme envers le plateau. L'erreur serait de croire qu'il faut se conformer au tournage, alors qu'en réalité au centre des préoccupations des technicien.ne.s et du système qu'ils.elles servent, il n'y a souvent qu'une chose : la performance de l'acteur.rice.

Pour s'exercer à travailler dans un environnement similaire à celui du cinéma, nous avons tenté de constituer une équipe de tournage avec les 13 comédien.ne.s des Teintureries. Il ont été à tour de rôle : cadreur.euse, assistant.e caméra, perchman.woman, ingénieur.e du son, régisseur.euse, monteur.euse et, bien sûr, acteur.rice. Chaque jour on leur apprendrait les rudiments de chacun de ces postes de sorte à ce qu'ils puissent, en deux semaines, tourner le remake de sept scènes de films de styles variés. L'objectif n'est évidemment pas d'atteindre un résultat techniquement abouti, mais de leur offrir l’opportunité d’expérimenter le jeu face à une équipe mais également le jeu du point de vue externe de l'équipe technique. Ils.elles ont pu se rendre compte que le tournage n'était pas une machine à laquelle ils doivent se soumettre mais qu'il est, au contraire, conçu pour les suivre et leur permettre d'être habité.e par ce que vivent leurs personnages.

En parallèle des plateaux, d'autres regardaient les images tournées les jours précédents et seraient amenés à monter les séquences. Ils apprendraient à regarder chaque prise, voir comment le jeu évolue, se demander ce qu'elles dégagent, se demander pourquoi l'on garde une prise, pourquoi on en écartera une autre. Les comédien.ne.s sont généralement écarté.e.s du processus de montage, il nous semblait essentiel qu'ils.elles puissent, une fois au moins dans leur vie, y participer. Au final, les objets filmés ne sont que la trace lointaines des expériences vécues. Nous insistons sur le fait qu'ils ont été intégralement fabriqués par les comédien.ne.s ; Le but n'a jamais été de prétendre à atteindre le moindre résultat technique mais plutôt d'explorer le jeu des points de vue divers des métiers du cinéma.

Tous les remakes sont accessibles ici :  https : //vimeo.com/showcase/8488651

Références
  • « L'enfant » de Jean-Pierre et Luc Dardenne
  • « La graine et le mulet » de Abdellatif Kechiche
  • « Captain Fantastic » de Matt Ross
  • « De battre mon cœur s'est arrêté » de Jacques Audiard
  • « La famille Tenenbaum » de Wes Anderson
  • « Call me by your name » de Luca Guadagnino
  • « Juste la fin du monde » de Xavier Dolan